Expéditions de ravitaillement ...
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ravitaillement des français pendant l'occupation
C'est l'âge d'or des intermédiaires. N'importe qui trafique de n'importe quoi. Un Russe blanc, Szokolnikov, amassera, au service des Allemands, une fortune de 8 milliards de francs anciens ! Le commerce de détail prospère, de façon souvent paradoxale. L'irrégularité, au double sens du terme, des approvisionnements dirige la viande chez le mercier, les légumes chez le boucher. Parmi les temples parisiens du marché noir figurent en bonne place les loges de concierge.
Mais ravitaillement officiel et marché noir ne peuvent s'organiser en un jour. Et l'hiver 1941 est très dur.
Aussi, dès le printemps, les habitants des grandes villes, ceux de Paris surtout, se souviennent de leurs parents et amis de province, ou s'en découvrent. Les week-ends sont consacrés aux expéditions de ravitaillement . Les trains du samedi partent, débordants de familles avec vélos, valises, havresacs. Il faut avoir vécu ces retours du dimanche soir, avec des voyageurs sur les tampons ou les marchepieds des vieilles voitures !
Le problème est de ne pas se faire prendre. Dans les campagnes, il y a les Feldgendarmen, avec leurs massifs hausse-cols. Les gendarmes français, eux, ferment volontiers les yeux. Mais l'octroi ceinture encore Paris ; les gabelous, surveillés par les Allemands et le réflexe professionnel aidant, se montrent parfois indiscrets. On descend à contre-voie, on cherche des sorties interdites. Gare Montparnasse, il est facile de se faufiler par le dépôt des bagages. Une fois en ville, on se heurte parfois à des contrôles de police. On ne se sent sauvé qu'une fois rentré. On se délasse enfin, car le trajet, souvent debout, dans des wagons bondés, ne repose pas des kilomètres à bicyclette, avec 40 ou 50 kilos de victuailles sur le dos ou sur le porte-bagages.
les citadins sous le gouvernement de Petain
Tandis que les paysans améliorent leur régime, mangent de la viande, s'enrichissent, vendant le minimum au ravitaillement, le maximum au marché noir, remplissent leurs lessiveuses de billets de banque, et soutiennent les finances de l'État et l'industrie en souscrivant massivement aux emprunts publics et privés, les citadins, malgré leurs efforts, s'appauvrissent et sont réduits à la portion congrue. Avec leurs salaires gelés, les heures supplémentaires, les cantines assez bien fournies , les travailleurs des villes font difficilement face au coût réel de la vie.
Les colis familiaux ne sont qu'un palliatif, en dépit des 50 kilos de produits alimentaires autorisés périodiquement.
Naturellement, ce seront les faibles qui pâtiront le plus : les indigents, les vieillards, les inexperts dans la pratique du marché noir, considéré comme l'un des beaux-arts.
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